Bartholomée et la galactée

Bartholomée est né dans une famille de marchand. Enfin, marchand. Ce n'est pas vraiment le type de marchand qu'on s'imagine avec une petite boutique, situé dans une ville en particulier, non ! Sa famille bougeait de ville en ville, de pays en pays. Ils étaient nomades. D'aussi loin qu'il s'en souvienne, le noiraud avait toujours vécu dans cette petite carriole aux couleurs joyeuses et aux objets plus étrange les uns que les autres venant d'un peu partout. Si les paillasses où il dormait n'étaient pas toujours très confortables, le fait d'avoir une maison lui avait toujours semblé inutile. Certes, il était parfois difficile de quitter les rares amis qu'il se faisait, mais il était heureux et y était habitué, à la longue. Sa famille lui suffisait largement. Sa mère si douce qui lui contait moult histoire d'aventures, son père avec ses blagues peu drôle et ses éclats de rire... Et sa sœur, sa gentille et protectrice grande sœur Galatée, qui était parti réaliser son rêve d'aventure... Évidemment, son absences avait pesé au début, mais Bartholomée s'était toujours dit qu'elle reviendrait et ils seraient là, tous les trois, pour l'attendre.

Malheureusement, il avait tort. Mais comment aurait-il pu savoir qu'en allant parcourir la ville ce jour-là il échapperait au sort funeste qui assaillit ses parents ?

Lorsqu'ils s'étaient installés dans la ville de Cheve, Bartholomée n'avait pas vraiment compris la raison de leur venue ici et surtout pourquoi y étaient-ils resté aussi longtemps. Les ventes n'étaient pas particulièrement bonnes, les paysages fades et l'activité... Qu'en dire... Quelle utilité y avait-il donc à y rester deux mois entiers ? Aucune, ou du moins, aux yeux de Bartholomée. Voilà pourquoi il était parti explorer la ville, qui était cependant assez grande à défaut d'être intéressante pour lui, afin d'y tromper l'ennui. Ce jour-là n'y avait pas échappé et après avoir aidé ses parents à ranger un peu la carriole, il avait décidé d'explorer les recoins de la ville qu'il n'avait pas encore vus. Lorsqu'il rentra, rien ne l'avait préparé au spectacle qui l'attendait...

La carriole était saccagée de fond en comble, tous les objets qu'ils avaient ramenés et achetés étaient brisé et on pouvait voir leurs éclats briller tristement sur le sol, comme des étoiles que Bartholomée affectionnait tant que l'on aurait divisé en plusieurs morceaux. Sur le sol, à quelques pas de la carriole, baignait dans une mare de sang ses parents, morts, et se tenant par la main. Ensemble même dans la mort... Une expression d'horreur et de douleur était encore inscrite sur leurs traits. À côté d'eux étaient marqué en lettre de sang trois mots, trois petits mots dont Bartholomée n'arrivait à saisir le sens, même aujourd'hui deux mois après cet incident. "Mort aux rebelles"... Choqué et bien que la nausée le gagnât petit à petit, le jeune garçon s'évanouit quelques secondes après avoir vu ce spectacle.

Il faisait noir. Aussi noir que la nuit... Lorsque Bartholomée se réveilla, l'astre lunaire était déjà haut dans le ciel et le froid de l'air ambiant montrait que la nuit était tombée depuis un moment déjà. Le calme était plat. Des multiples questions assaillirent alors l'esprit de Bartholomée. Pourquoi avait-on tué ses parents ? Que voulait dire ces mots ? Que faillait-il qu'il fasse à présent qu'il était seul ? Mais aucune réponse ne lui vient. Soudainement, il se surprit à penser à sa sœur. Elle aurait certainement les réponses à ses questions ! Galatée saurait quoi faire ! Et puis surtout, elle pourrait l'aider. Bien qu'il connût les bases de la survie grâce à son père, il n'en restait pas moins très jeune pour voyager seul. Le noiraud se mit alors en tête de la retrouver. Il prit alors ce qui restait d'argent dans la carriole et un des seuls objets n'ayant pas été détruit, le petit dragon en terre avec laquelle sa mère racontaient des histoires à ses deux enfants. Des larmes roulaient sur ses joues lorsqu'il partit, disant adieu à ce qui fut son chez-lui, sa partie, et à ses parents qu'il ne reverrait jamais. Bien entendu, il les avait enterrés en dehors de la ville tous les deux avant de partir, et le seul moyen de le savoir était grâce au monticule de terre et à la croix faite de branche d'arbre qui surplombaient la tombe.

Le jour venu, il avait disparu et de son enfance, il ne restait plus que les cendres...